Contre l’exclusion, un abri ne suffit pas !

Publié le par Tarbes à gauche

 Voici un texte du Groupement Pour la Défense du Travail Social qui se mobilise suite au Projet de Loi des Finances 2009 qui remet en cause l'avenir du travail social:

 


Nos vies débutent dans l’inégalité : nous naissons et grandissons dans un pays riche ou appauvri, en guerre ou pas…dans une famille unie ou blessée, un quartier favorisé ou défavorisé, …nous vivons, ou pas, des évènements traumatisants, deuils, violences…autant de situations qui fragilisent enfants, adolescents, adultes.

Notre système, par le biais de l’école, du travail , préoccupé de performance, d’élitisme, soumis aux lois du marché, participe de ce fait à l’exclusion des personnes blessées par la vie, démunies, différentes…qui à l’occasion d’une situation difficile glissent hors de tout lien social.

Il en va ainsi de :

- certains jeunes sans soutien familial, sans droits sociaux;

- des personnes qui luttent contre la dépendance aux produits toxiques, ultime recours pour anesthésier leur souffrance;

- des femmes obligées de quitter le domicile du fait de violences conjugales ;

- des personnes obligées de quitter leur pays d’origine pour se protéger et qui demandent l’asile;

- des femmes isolées avec leurs enfants à charge ;

- des personnes qui tentent de se libérer de la prostitution ;

- des familles en difficultés .

Des personnes en souffrance psychologique, physique,qui n’ont pas réussi à trouver leur place  sur le plan professionnel ou social et se retrouvent isolées… Des personnes qui doivent reconstruire leur vie…

 

Au nom des principes fondateurs de notre république (liberté, égalité, fraternité) et du souci de maintenir la paix sociale, les pouvoirs publics ont institué des systèmes d’aide et de protection, les travailleurs sociaux sont au coeur de ces dispositifs : éducateurs, assistantes sociales, conseillères en économie sociale et familiale, animateurs, psychologues…

Des équipes mobiles interviennent pour aller vers des personnes se trouvant à la rue afin d’établir un lien de confiance.

Des structures d’hébergement sont indispensables pour accueillir et accompagner, en urgence ou à plus long terme, la réalisation de projets de soin, d’insertion sociale et professionnelle.

 

 Ce réseau représente en Midi Pyrénées

-         85 dispositifs d’hébergement: Centres d’hébergement et  de réadaptation sociale; centres d’accueil d’urgence; centres maternels ou parentaux; centres d’accueil de demandeurs d’asile; résidences sociales, etc…

-         25 dispositifs de veille sociale : les 115; les accueils de jour; équipes de rue; restauration sociale, etc…

Ainsi, 10 000 personnes, environ, sont prises en compte à travers nos différentes missions.

 

Nos objectifs professionnels visent le mieux être des personnes pour qu’elles retrouvent leur autonomie et leurs capacités d’agir.

Accompagner c’est s’engager aux côtés des personnes qui formulent une demande, en respectant les choix de chacun.

Attachés à la confidentialité, nous ne portons pas de jugement.

Nous sommes là pour écouter ; orienter ; tisser des liens ; aider à formuler et réaliser des projets professionnels ou personnels, faire des choix ; soutenir ; informer ; favoriser le soin ; faire prendre conscience ; valoriser les potentialités des personnes qui ont perdu confiance en elles ; aider à l’accès au logement, à l’installation…

 

Accompagner c’est se concerter à l’intérieur d’une équipe pluridisciplinaire ; c’est se coordonner avec les partenaires sociaux, médicaux, professionnels, culturels, ceux du logement, c’est mettre en œuvre un réseau d’aide à la personne…

 

Pour mener un travail de qualité des conditions sont nécessaires: une équipe de professionnels formés, qualifiés, engagés dans une réflexion, une compréhension des problèmes posés. Un personnel  confronté à la pénibilité du travail lié à la détresse des personnes accueillies et aux horaires décalés (soirées et week-ends) qui dispose de temps pour prendre du recul. Et des locaux qui soient de véritables lieux de vie, sécurisants, respectant la dignité des personnes. Et suffisamment de temps pour favoriser la rencontre, que la relation d’aide puisse constituer un réel appui pour dépasser les difficultés, retrouver une place sociale.

  

Mais voilà, la loi des finances 2009 va mettre en péril le devenir de nos missions en instaurant un tarif plafond pour les CHRS calculé sur le coût moyen  national des établissements.

Ce procédé ne tient pas compte des différences de coût entre établissements et services résultant de la diversité des activités menées qui est fonction des publics accueillis,  des objectifs spécifiques à chaque établissement et des territoires.

 

De plus, il serait envisagé de supprimer la possibilité de contester devant un tribunal les dotations attribuées ne correspondant pas aux  besoins des établissements.

 

Ces pertes de financement vont entraîner des licenciements, des fermetures d’établissements : amputations de 25 à 30% des budgets.

Si nous ne disparaissons pas totalement, la perte des moyens nécessaires à l’action éducative et thérapeutique va transformer le sens de notre travail qui prendra l’allure d’une simple mise à l’abri, d’un service humanitaire minimum.

Dans le cadre de la réforme de l’état, notre futur rattachement au pôle de cohésion sociale des préfectures est envisagé. De fait, nous craignons un glissement de l’hébergement tel que nous venons de l’évoquer, vers le logement avec  accompagnement réduit. Autant dire la mise en place d’un service du logement des déshérités qui faute d’accompagnement pertinent auront bien du mal à le garder !

 

Ce désengagement de l’état est une atteinte à ce que chaque citoyen est en droit de recevoir en terme de solidarité, d’assistance et de protection.

Le contexte de récession  va précariser des pans entiers de population, or, les ressources de l’état consacrées à l’action sociale vont en diminuant au lieu d’augmenter pour faire face à la dégradation sociale qui va aller croissant.

 

Ces signes tangibles de désengagement de l’état indiqueraient-elles une orientation de la prise en charge de nos missions par le secteur  marchand avec à la clé des notions de rentabilité dévoyant ainsi la finalité de notre travail.

   

La fermeture des établissements du secteur social, ou leur insuffisance de moyens va engendrer encore plus de rejet pour les exclus de l’emploi, du logement, de la santé. Cela représente un acte de violence, de mépris à leur égard.

 

La politique sociale actuelle prépare une société déshumanisée, une société de violence.

 

C’est pourquoi depuis mi Janvier, nous nous préparons à résister à la disparition de notre travail d’accompagnement par le biais d’un collectif de défense du travail social : le GPS(groupement pour la défense du travail social)qui réunit les différentes structures d’accueil de Midi Pyrénées.

 

 

 

 

 

 

Publié dans national

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article